CLEAN EMERGENCE avec Jennifer de Gandt

Le Clean Emergence est issu des travaux de David Grove avec qui j’ai eu la chance de travailler de 1997 jusqu’à sa disparition brutale en 2008. David était, comme le dit un jour Eric Rossi, tel un “génie sortant de sa lampe”. S’il s’est éloigné de ses racines – géographiquement parlant – en travaillant aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Europe, il restera néanmoins toujours profondément marqué  par ses débuts en Nouvelle Zélande, issu d’une famille au père chétien et à la mère Maori.

CLEAN LANGUAGE –  LE LANGUAGE PROPRE ET LES PAYSAGES METAPHORIQUES

Ses premiers travaux thérapeutiques débutèrent à la fin des années 70 début 80 avec les traumatismes des vétérans du Vietnam et les abus sexuels au sein des familles. Contrairement aux pratiques thérapeutiques de reconstitution couramment employées, il explora les effets que de coller au plus près des propos des patients et ainsi de leur histoire en se cantonnant à des questions des plus simples. Il observa qu’avec cette technique habilement employée, les personnes basculaient dans le language métaphorique. Quand on leur demandait “et c’était comme quoi?”, leur réponse était du genre “c’est comme buter contre un mur de briques”, “c’est comme une noyade”, “c’est comme un volcan”. Cet accès à la créativité du cerveau droit, David la considéra de plus près, poursuivant ainsi par des questions simples et claires telles que “et quel genre de mur est ce mur?” ou “y a-t-il autre chose au sujet de noyade?”, “et où est ce volcan?”

De là, émerge un paysage jusqu’ici inconnu qui fait place à de nouvelles sensations qui apparaissent à l’évocation de l’événement.

Il réalisa que s’il poussait ce développement par une exploration chronologique des séquences “et qu’est ce qu’il s’est passé juste avant le volcan?” ou, s’il accompagnait la personne dans son histoire “et qu’est ce qui est arrivé après?”, cela permettait de revivre le traumatisme non pas en direct mais à travers une description parallèle dans la séance et d’où pouvaient émerger de nouvelles solutions insoupçonnées.

La bonne nouvelle fut que la description métaphorique ne causait pas de re-traumatisation. Le cerveau droit transfère l’information au cerveau gauche, mécanisme connu sous le nom d’isomorphisme, ce qui donne à la description métaphorique et ainsi à la nouvelle solution la possibilité d’être inscrite et employée pour de nouveaux effets dans le monde.

Plus tard, ce “Clean Language”, basé sur 9 questions basiques, se révéla tout aussi utile dans la résolution de cas situés à des niveaux moins traumatisants. Il fut largement utilisé dans le coaching ou le travail en équipe des Entreprises, l’Education ou les aptitudes fondamentales de Vie. Le principe reste le même:

Toutes les questions posées sont simples, directes et respectent exactement les mots du client, ce qui permet de suivre les mouvements de ses idées sans imposer les modèles du Facilitateur. L’espace intérieur de l’individu s’ouvre alors à une intelligence plus profonde et permet d’accéder à des ressources et des solutions non accessibles dans la conversation ordinaire.

Cette approche profondément centrée sur le client découle sur un “quatrième type de relation de pouvoir – ni souverain, ni disciplinaire, ni auto-réprimé mais partagé, commun et exercé indépendamment”. Cette citation de Philip Harland dans son livre “Je vous assure Je suis le patient” évoque les effets majeurs du Clean Language qui ouvre la porte aux clients à leur propre espace intérieur sur des événements extérieurs.

Livres:

“Je vous assure Je suis le patient” de Philip Harland,

“Manuel de Clean coaching” de Bogena Pieskiewicz (en français),

“Des Métaphores dans la tête” de Penny Tompkins et James Lawley,

“The power of six” de Philip Harland et la traduction française de Maurice Brasher “Des solutions dans la tête: à la Découverte de la Puissance Six”

CLEAN SPACE

Après son succès sur les Métaphores et le “Clean Language” avec une réputation bien établie dans le monde de la Thérapie aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, David annonça soudain qu’il allait se retirer pendant un an pour étudier l’Espace. Consternation chez ses amis et collaborateurs. Comment pouvait-il quitter un aussi grand succès pour quelque chose d’aussi obscur? Mais bien sûr, c’est ce que ferait un gentil génie pour s’échapper de la lampe dans laquelle il s’est enfermé! Quoi qu’il en soit, cela ne l’arrêta pas, il appris à voler entre les courants et répondit à la Science nouvelle des Petits Mondes et de la Théorie de la complexité.

Il n’était pas le seul à explorer l’espace comme moyen de traitement de l’information. Arnie Mindell était bien conscient du mouvement nécessaire pour la thérapie et pour son Processus Mondial. Bert Hellinger explorait l’espace au travers des constellations familiales et Rubert Sheldrake par ses reconstitutions historiques. Mais alors, qu’à apporté David à ce domaine en plein développement?

Premièrement, il conserva le nouveau principe de Clean – la confiance en l’intelligence du client- et facilité le mécanisme par lequel on peut démêler sa propre expérience soi-même. Donner des instructions simples, s’intéresser au processus et pas au contenu.

Deuxièmement, David compris que ce travail créait une forme de réseau d’informations entre des points placés dans un Espace dans lequel le client se déplace. Ceci est une réponse à la guidance du Facililateur “Quel est l’Espace qui sait quelque chose sur ça?”. “Ca” étant tout objectif, problème ou situation que le client souhaite explorer. Il délaisse la descente verticale du cheminement de la pensée par les mots employés dans les explorations métaphoriques au profit de connections horizontales toutes situées sur le même niveau.

Un par un, le client se déplace jusqu’à trouver au moins six espaces révélateurs d’informations différentes. Le language utilisé n’est pas développé, ce qui permet au cerveau et au système nerveux de favoriser une plus grande vision englobant les différentes informations de l’individu.

Quand les différents espaces sont identifiés grâce au déplacement, ils sont alors disposés par rapport à d’autres espaces. Par cette technique, le cerveau réorganise l’information et établit de nouvelles connections inattendues.

Livre: “les idées dans l’espace” James Lawley et Marion Way

LA CONNAISSANCE EMERGENTE

Mais alors, qu’à fait ensuite notre “chasseur d’idées” tel que David aimait à se nommer lui-même? Il explora l’hypothèse selon laquelle le Facilitateur permettrait d’aller au-delà encore du champs des idées émergentes grâce à l’intelligence même du client. Au moment où il conduisait ses travaux sur “les six degrés de Séparation”, une expérience démarra aux Etats-Unis en vue de déterminer combien de personnes nous devons contacter pour toucher un individu complètement éloigné de nous: Le Président des Etats-Unis ou un acteur par exemple. La réponse fut un bien plus petit nombre qu’estimé: six environ.

David voulut savoir s’il en était de même pour nos idées: par exemple, quand un client exprime un problème, à combien de pas est-il éloigné de la solution? S’agirait-il là aussi de six déplacements d’idées?

Ainsi le “Téléchargement” était né: un client présente sa problématique et David demande: “quelle est la première chose que tu sais sur ça?” ils l’écrivent. “Et quelle est la seconde?”, “Et la troisième?”, “Et la quatrième?”, “et la cinquième?”, “Et la sixème. Le client aura ainsi développé son propre raisonnement à travers ce processus et normalement le sixième point est si clair qu’il peut devenir le point de départ d’un coaching ou d’une session de thérapie!

Par la suite, David étudia la structure de ces six mouvements et il en détermina les différentes séquences: 1) Expression 2) Explication 3) Approfondissement 4) Hésitation 5) Effondrement 6) Renaissance. Et tout cela sans remettre en cause ni les mots ni les idées de la personne. Le client se retrouve ainsi face à ses propres mouvements de pensées, lui révèlant par là-même sa propre compréhension créatrice, son propre pouvoir de guérison.

Livres: “The power of Six” Philipe Harland et la traduction française de Maurice Brasher “Des solutions dans la tête: à la Découverte de la Puissance Six”